mardi 31 mars 2009

De mes sains rapports avec mes parents...

Ou comment utiliser l'encyclopédie Universalis en guise de nourriture affective et créer une personne cultivée et asociale.

Mes parents avaient pour unique ambition de créer une famille traditionnelle. Mes sœurs ayant refusé le dessein paternel qui leur injonctait de se marier vierge à 19 ans avec un officier d'état major pour pondre une chiée de lardons brillant et silencieux, près à reprendre le flambeau des grandeurs familiales; tout le poids de ce joyeux et distrayant avenir est donc retombé sur les deux derniers clampins qui n'avaient rien demandé à personne.

Assez vite j'ai donné des signes d'intelligence. Disons que j'étais peut-être un peu moins stupide que les autres mioches, dans la mesure où je parvenais à déchiffrer ces signes codés qui depuis le passage de la préhistoire à l'histoire permettent aux êtres humains et aux concierges portugaises de consigner des choses par écrit. Je parvenais à lire des lettres alors que mes petit camarades en étaient encore à se barbouiller avec leurs excréments à la récréation.
Mes parents, bien conscients de ne pas devoir laisser un jeune esprit lâché dans la nature (sinon il fait n'importe quoi et c'est la chienlit, avec tous ces petits cons), m'ont immédiatement attribué un rôle: puisque celui de l'artiste et de l'executive woman étaient déjà pris par, respectivement, Odile et Camille; il me restait celui de l'intello. La diplômée, la vrai, la chiante. Celle dont il est attendu, non pas un prix Nobel, n'exagérons rien, mais au minimum des palmes académiques, un doctorat où, à la rigueur, un diplôme d'ingénieur qui permettrait de rentrer dans le génie militaire et de contribuer à la grandeur de la grande muette.

Cependant, les choses ne se sont pas exactement déroulées comme prévues. Tout d'abord, malgré mon quotient intellectuel évalué à 155 à l'âge de 10ans et 3mois (preuve si besoin est que les tests de QI sont à l'intelligence ce que Paris Hilton est à l'élégance: une monstrueuse insulte), je n'ai pas fait une scolarité brillante et passé mon bac à14 ans avec les félicitations du jury. Je n'ai pas découvert un nouvel isotope radioactif qui m'aurait pourvu d'une glorieuse leucémie (morte au champs d'honneur, a fait don de sa santé à la science, la patrie reconnaissante...).
Non, je n'ai même pas réussi ma première année de médecine et ne l'ai pas retenté. J'ai fait une licence. En psycho...
Autant dire que j'ai le bagage universitaire d'une laitue trop blette.

Mes parents ne se privent pas de me le rappeler, ce qui instaure entre nous de sains rapports basés sur l'observation mutuelle et l'attente, campés sur nos positions, que l'autre cède en premier. Comme des sumos ou des chiens de combat, en moins gras et moins sanglant, il est vrai. Mais pas moins violent.